3- Spartiates et Perses : une comparaison des conflits entres les États-Unis et le moyen-orient ?

Publié le par Marie S.

  « Le passé est mesuré à l'aune du présent dans le péplum. […] Les épisodes de l'histoire antique rencontrent un écho chez le public de notre temps. »1. Tentons donc de comparer les conflits historiques entre les Spartiates et les Perses avec les conflits d'idéologies contemporains entre les États-Unis et le Moyen-Orient. De nombreuses analogies sont présentes permettant de certifier que l’œuvre n'est pas seulement une exaltation de l'homme et de la violence. Tout d'abord, deux sociétés s'opposent : les Perses contre les Spartiates. Ces derniers symbolisent la société occidentale ; ils sont considérés comme étant le fondement de cette même société. Ils incarnent aussi plus spécifiquement les États-Unis, Miller étant américain. L'analogie est plus évidente pour l'Empire perse qui est, actuellement, défini en partie par l'Iran, l'Irak, l'Afghanistan ou encore le Pakistan. Des pays contrelesquelsles États-Unis connaissaient et connaissent encore quelques conflits. De même, tout au long de la lecture du roman graphique, le lecteur peut également constater une opposition entre l'ouest et l'est. Les exemple les plus frappants sontdeux planches suivantes reliées côte à côte.


 

III-3 Orient (2)

      MILLER Frank (scénario et dessin), Varley Lynn (couleurs). 300. Montreuil : Rakham, 1999.  Chapitre "Victoire". Planche n°7

 

 

 III-3 Orient (1)

      MILLER Frank (scénario et dessin), Varley Lynn (couleurs). 300. Montreuil : Rakham, 1999.  Chapitre "Victoire". Planche n°8

 

 

Nous avons à gauche, les Spartiates, minces et élancés, se tenant comme des résistants, puis à droite, les Perses aux corps triangulaires, guidés par Ephialtès pointant du doigt l'armée, comme un signe d'envahisseur. La petitesse des personnages et l'immense ciel en aquarelle peuventaussi représenter l'immensité qui sépare ces deux cultures. L'adversité est symbolisée par la bande noire au centre qui figure les falaises des Thermopyles. La vision nationaliste de Miller se ressent également à travers les différences dans l'art de la guerre. Les Spartiates apparaissent comme puissants, spécialistes dans l'art des formations avec l'exemple de la phalange. Le lecteur connaît quelques Spartiates. Au contraire, l'armée perse est représentéecomme un groupe. Le lecteur ne peut donc créer des affinités avec ces personnages. Ils chargent au hasard face aux formations infaillibles des hoplites. Ces derniers sont armés lourdement, notamment avec leurs boucliers en bronze, et possèdent peu d'habits. Au contraire, les Perses possèdent des armures en tissu et un foulard sur la tête. Ils sont exotiques, féminins face à des Spartiates virils. Il est donc plus difficile de prendre l'armée perse au sérieux. Ces nombreuses différences sous-entendent donc que ces cultures sont opposées ; opposition que Miller renforce en faisant des Spartiates une société civilisée, et des Perses, une armée barbare. Cela se remarque dans ses planches figurantdes batailles lorsque les armées chargent.


Les Spartiates sont rangés, les traits se répètent. Nous ressentons une recherche dans la formation. Chez les Perses, au contraire, un désordre règne. Ils apparaissent tels des sauvages qui chargent incapables de réfléchir à unequelconque stratégie.

 

 

III-3 Armée perse (1) 

MILLER Frank (scénario et dessin), Varley Lynn (couleurs). 300. Montreuil : Rakham, 1999.  Chapitre "Gloire". Planche n°11 et 12.

 

 

 

III-3 Armée perse (2)

      MILLER Frank (scénario et dessin), Varley Lynn (couleurs). 300. Montreuil : Rakham, 1999.  Chapitre "Gloire". Planche n°12.

 

 

 

La onzième et la douzième planche du chapitre « Gloire » représentent un panorama de l'armée perse chargeant. Lorsque nous étudions plus en détails cette plancheun homme en particulier retient notre attention. Il est torse-nu, possède une barbe longue et porte unehache ; il est le stéréotype du barbare au sens moderne. Sur cette même planche, un unique phylactère dont l'appendice oblige le lecteur à tourner la page pour découvrir qui est le locuteur. En tournant la page, il arrive sur la treizième planche où un tout autre style de dessin intervient. Tout élément a sa place. Les lances sont alignées, les boucliers portésà la même hauteur. Deux modes de représentations différents pour deux cultures opposées. Ainsi, la disposition spatiale, les détails vestimentaires, tout mène vers une opposition de ces deux cultures. Opposition que Miller accentue avec son idéologie, sa préférence culturelle. De même, ce n'est pas tant le fait de montrer ces différences qui prouvent le nationalisme de Miller mais les éléments personnels qu'il apporte aux deux armées. Il exalte la société occidentale et dénigre la société orientale. C'est cette vision manichéenne des peuples et des cultures qui est contestable ; c'est de fausser l'histoire, c'est de faire des Perses les uniques « méchants ». Il offre alors un regard réducteur et une histoire remaniée selon son idéologie. Toutefois, bien que ses opinions soient contestables, son talent artistique, lui, fait l'unanimité.

 

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1    JAUBERT Jean-Pierre (dir.). « L'Antiquité au cinéma : péplum et superproduction ». BT2, novembre 1994, n°271. p.38.


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