Introduction

Publié le par Marie S.

 

Will Eisner est considéré comme le père du roman graphique ou graphic novel pour les anglo-saxons. Fondateur de l'expression, il publie, en 1978, A Contrat with God sous les éditions Baronet Books. Cette publication marque la naissance aux États-Unis du roman graphique qui verra un succès grandissant avec des auteurs majeurs tels que Art Spiegelman avec le succès de Maus qui obtient le prix Pulitzer ou encore Frank Miller avec le succès de Sin City ou 300. Le roman graphique se distingue des comic books et des bandes dessinées bien que ce soit un sous-genre de ce dernier. En effet, ce genre offre davantage de créativité à son auteur car les pages ne sont pas limitées. Le support est donc au service de l'auteur. De même, les graphismes sont plus travaillés et mis en symbiose avec l'histoire et la psychologie des personnages. De plus, le roman graphique fonctionne comme une unité, possédant une intrigue avec un début et une fin. Enfin, le graphic novel, comme son nom l'indique, vise un autre lectorat que ceux du comic book, genre avec le quel on tend à le confondre. Le terme de comic book dégage, à tort, l'idée d'un lectorat jeune, enfantin et surtout humoristique. Le terme de graphic novel tente donc de se détacher des ces préjugés. Ce genre est de plus en plus apprécié par les auteurs américains. Frank Miller, par exemple, est l'auteur de 300. Tout d'abord publié périodiquement sous la forme de cinq chapitres -« Honneur », « Devoir », « Gloire », « Combat » et « Victoire »- par les éditions Dark Horse Comics à partir de 1998, 300 sera ensuite publié en un seul tome en 1999. Il sera traduit la même année en français par la maison d'édition Rackham. Le support du roman graphique est véritablement au service de la création. En effet, originairement chaque planche du roman graphique était en réalité présentée sur une double page du magazine. Nous pouvons remarquer que les romans graphiques de Frank Miller, tels Sin City ou 300 ont été adaptés au cinéma. Prenons ce dernier exemple. Zack Snyder adapte et transpose le roman graphique 300 sous forme d'un péplum moderne. En effet, le 21ème siècle voit l'apparition de péplums qui modernisent ce genre qui ne sort plus de films depuis les années 80. Ces péplums modernes recourent aux effets spéciaux dont les images de synthèse. Gladiateur, Troie, Alexandre ou encore 300 1, suivent la veine américaine 2 des films à gros budgets en y apportant la modernité des moyens techniques. Ce film vise un public plus large encore que le roman graphique dont le genre n'est peut-être pas connu de tous. L'hégémonie du cinéma américain qui n'est pas étranger aux péplums modernes, s'appuie donc sur son propre support pour atteindre le succès. Ces deux œuvres s'inspirent d'un épisode historique en particulier : la bataille des Thermopyles. Cet épisode historique est originairement relaté dans L'Enquête par Hérodote qui se veut historien et revêt les aspects de la conception de l'histoire de son époque. En effet, les dieux sont encore relativement présents dans son œuvre, remettant ainsi en question cette volonté d'historicité. Toutefois, il constitue une base pour les historiens modernes. Il explique l'affrontement des Spartiates et d'autres armées contre les Perses menés par Xerxès. Cet affrontement est inégal puisque le camp grec sait sa propre fin certaine. En réalité, il ne désire que retarder les Perses afin qu'Athènes envoie son armée. A travers ces trois œuvres citées, nous nous demanderons comment les interprétations contemporaines de Frank Miller et Zack Snyder subliment-elles l'histoire antique de la bataille des Thermopyles et des trois cents Spartiates, relatée par Hérodote, tout en la réinterprétant par l'intermédiaire d'une vision réductrice ? Tout d'abord, les auteurs mythifient l'histoire antique en sublimant l'homme, proposant ainsi une image fantasmée. Ils mythifient également un fait historique en sublimant la violence. Enfin, nous pourrons constater l'émergence d'un nouveau mythe contemporain accompagnée d'une vision réductrice de l'histoire au profit d'une idéologie.

 



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1      Respectivement, les auteurs sont Ridley Scott, Wolfgang Peterson, Oliver Stone, Zack Snyder.

2  Alain Freudiger et Ariel Garcia différencient deux écoles du peplum : l'école italienne qui tend à économiser le temps, l'argent et la pellicule et l'école américaine qui « en ce qui concerne les décors et les costumes, […] ne comptait pas l'argent pour se rapprocher de la réalité historique. ». Alain Freudiger, Ariel Garcia. Le péplum, antiquité, spectacle et cinéma [en ligne]. [S.l.n.d]. Disponible sur : <http://www2.unil.ch/chronozones/articlesOnline/volume4Freudiger.pdf> (consulté le 15.03.2012).


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